Doit-on chercher à utiliser ou respecter
des normes au cours d’une démarche d’innovation ?
Cette question est posée en permanence.
Tout d’abord, il faut bien distinguer les
normes de management de la qualité, les normes sécuritaires, et les standards
technologiques.
Il est évident que les normes sécuritaires
destinées à protéger l’intégrité physiques des acteurs d’un projet innovant
doivent être systématiquement respectées.
Par exemple les essais précliniques, dans
les démarches d’innovation portant sur des dispositifs médicaux, doivent
impérativement respecter un certain nombre de règles de cette nature.
Quant aux standards technologiques il vaut
mieux connaître dès le stade de l’innovation l’existence de ceux qui devront
être systématiquement appliqués plus tard au stade de la conception, pour ne
pas imaginer une innovation dont les performances, qui font sa valeur, ne pourront
pas être conservées lorsqu’on passe à la conception des produits ou services
qui l’intégreront.
Mais il n’est pas nécessaire de chercher
systématiquement à s’y conformer au stade de la création des maquettes qui
représentent l’état d’évolution de la configuration de l’innovation.
Il suffit de s’assurer de la faisabilité,
plus tard, du respect de ces normes.
Quant aux normes de management de la
qualité, elles ne sont pas faites pour le pilotage des processus d’innovation.
S’y référer peut être un danger.
Les processus d’innovation sont des
processus « one shoot invertébrés ». La programmation des activités
doit pouvoir évoluer en permanence.
Le management de la qualité doit rester
très flexible, réactif, évolutif en permanence en fonction des situations
éphémères rencontrées.
Les études publiées qui portent sur les
apports de l’ISO 9001 au succès des innovations mélangent recherche appliquée,
innovation, et conception. Contrairement aux conclusions énoncées, elles ne
démontrent pas l’intérêt d’utiliser de telles normes dans une démarche d’innovation.
Au contraire, la réputation technocratique
des normes ISO 9001 dans les systèmes de production, a tendance à effrayer les
équipes projets lorsqu’on leur propose de s’appuyer sur quelques logiques basiques
de production et d’usage de la qualité, pour augmenter leurs chances de succès,
même si ces logiques n’ont que peu de rapport avec ces normes.
Une démarche d’innovation débute par la
mise en relation d’idées nouvelles avec des besoins d’une population. Elle
développe des maquettes successives qui sont autant d’architectures provisoires
construite à partir des idées pour tenter de satisfaire les besoins. Ce
maquettage puise dans des ressources qui peuvent être des résultats de
recherches scientifiques ou technologiques. Mais il ne faut pas confondre la
démarche d’innovation et ces recherches. On nomme souvent maintenant ce type d’innovation,
des « innovations intensives ».
Le cœur d’une démarche d’innovation mixte
des phases de créativité, de créations architecturales, d’études d’impacts et
d’études de faisabilité qui peuvent être déclenchées dans un ordre quelconque
en fonction des situations rencontrées.
Quant aux démarches qualité intégrées,
elles sont spécifiques à ces processus, et faiblement corrélées aux
recommandations des normes de management de la qualité.
Pour utiliser efficacement la qualité dans
un processus d’innovation, il faut simplement appliquer quelques principes
généraux en tant que réflexes culturels et non des règles imposées.
C’est au stade de la conception que la
plupart des normes doivent jouer un rôle essentiel.
Il ne faut surtout pas confondre, par
exemple dans le domaine de la santé, dans les processus d’innovation portant
sur un dispositif médical, la démarche qualité intégrée à ces processus avec
les « affaires réglementaires » qui n’ont pas la même finalité. C’est
au stade de la conception des dispositifs qu’il faut commencer à se mettre en
conformité avec les exigences réglementaires imposées par les pays où seront
commercialisés les dispositifs.
La conception commence lorsque le
processus d’innovation a produit une maquette finale, argumentée, qui démontre
suffisamment les chances de succès de son exploitation commerciale, et qui
fournit les informations nécessaires pour alimenter le cahier des charges du
processus de conception de produits ou de services qui intégreront l’innovation.
Les démarches d’innovation doivent
conserver le maximum de degrés de liberté, sans oublier que leur succès dépend
en grande partie de la qualité de leurs relations avec tous les acteurs qui
apportent leur contribution à leur réalisation. La construction de cette
qualité doit être intégrée, le plus naturellement possible, aux activités de
création, et d’études de faisabilité et d’impacts en étant perçue comme
apportant plus de bénéfices que de contraintes. Pour ce faire il faut être
capable de proposer des outils puisés dans une vaste boîte à outils sans
références normatives, et de les adapter à chaque situation particulière.
On doit introduire des démarches qualité
sur mesure et non des démarches contraintes par un référentiel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire