Et si de ce fait la qualité
devenait plus que jamais un moyen pour faire la différence par rapport à la
concurrence ?
Je suis de plus en plus
souvent sollicité par des consommateurs, voir des salariés, et des responsables
de services qualité, qui me font part de constats répétitifs de
dysfonctionnements insupportables qui provoquent une perte de confiance totale,
et durable, dans la capacité des entreprises qu’ils côtoient à produire la
qualité annoncée.
Accueil détestable,
service après-vente conflictuel, produit défectueux, ruptures dans la
production de pièces détachées, absence de stocks allongeant de manière
inadmissible les délais de réparations, services inefficaces imposant au client
de se sortir par ses propres moyens de situations délicates, etc.
La situation économique
rend peut-être les clients plus exigeants. Elle provoque aussi beaucoup d’inquiétude
chez les salariés, ce qui les démotive.
Mais la fréquence de ces
situations semble s’accroître dangereusement.
Il est donc de mon
devoir, sans vouloir critiquer nos entreprises, dont j’apprécie les efforts
pour maintenir leurs activités, et relancer leur développement, d’alerter les
chefs d’entreprise sur un risque de dégradation, peut-être peu visible, de la
qualité de leur production qui va progressivement les mettre en difficulté.
Une crise de la non
qualité est peut-être en train d’émerger dans notre pays.
Je suis conscient des
erreurs souvent commises par le passé pour les aider à maîtriser la qualité de
leurs produits ou services. Je sais qu’ils ont d’autres priorités actuellement,
et qu’ils sont plus séduits par les messages de leurs fonctions commerciale, marketing,
ou financière.
Je voudrais leur dire,
par exemple, que les méthodes mises en place actuellement pour mesurer la
satisfaction de leurs clients sont peu efficaces. Le personnel qui sait qu’il
est mis sous un contrôle par l’envoi systématique d’un questionnaire aux
clients dont les réponses influencent l’attribution d’une prime, demande au
client son indulgence, et lui propose de répondre favorablement au
questionnaire. Il va quelquefois jusqu’à suggérer les réponses à formuler.
Cette situation devient
une forme « d’aumône » assez malsaine. Ce personnel a tendance, pour
se défausser, à évoquer des problèmes qu’il rencontre lui-même dans l’entreprise
pour bien faire son travail. Il contribue ainsi à dégrader l’image de l’entreprise
en se faisant passer pour une victime.
La production de la
qualité dans les entreprises ne repose pas sur des coups ponctuels, des
démarches à l’emporte-pièce, des effets de mode, ou des mesures coercitives. Ces
actions dégradent la culture qualité de l’entreprise.
Mesdames et Messieurs les
chefs d’entreprises que j’ai souvent croisés, ou conseillés avec beaucoup d’admiration, ne vous laissez
plus séduire par des faiseurs de miracles. La qualité est un travail en
profondeur, permanent, basé essentiellement sur du bon sens, et une volonté
partagée de bien faire pour en retirer le maximum de bénéfices. La qualité n’est
pas une fin en soi, c’est un excellent moyen pour accroître ses gains.
Il serait peut-être
souhaitable qu’une enquête nationale, réalisée par sondages, fasse une
estimation de la dégradation vraisemblable de la qualité de nos produits et
services.
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