Le mot qualité fait partie des mots
courants utilisés par tout le monde. Il prend donc naturellement des
significations différentes en fonction de la personne qui en parle et du
contexte dans lequel elle s’exprime.
Lorsque je fais une conférence, quel que
soit le public, je pose souvent en introduction, à l’assistance, la question
suivante : « pour vous la qualité c’est quoi ? ». Nombreux
sont ceux, et celles, qui baissent la tête, même les membres du « service
qualité » d’une entreprise, de peur que je m’adresse à eux pour capter
leur réponse.
J’ai moi-même dans mes écrits hésité entre
plusieurs définitions, et les différents auteurs spécialisés dans le domaine du
management de la qualité ont souvent partagé ces hésitations.
La définition la plus précise qui semble
actuellement la plus partagée par les « qualiticiens » et les
« marketeurs » provient des réflexions suivantes.
Le nom « qualité » est attribué
naturellement par un être humain à une « activité humaine » ou à son
résultat, lorsqu’elle s’intéresse à cette activité et qu’elle reçoit des
informations portant sur cette activité.
Nous adoptons actuellement le
définition complexe suivante :
La qualité attribuée par une personne à
une activité ou à son résultat est : « la valeur qu’elle attribue à la
satisfaction de ses perceptions de l’activité. »
Cette définition est
« complexe » parce qu’elle fait appel à trois attitudes humaines,
donc par essence complexe, qui sont : percevoir, ressentir une satisfaction, et
attribuer une valeur.
De plus, par rapport à une activité
humaine quelconque, la personne qui attribue une qualité à l’activité peut
avoir une des trois positions suivantes : elle produit l’activité, elle
utilise l’activité, ou elle observe l’activité sans la produire, ni l’utiliser.
On doit alors distinguer trois définitions
qui sont les suivantes :
La qualité de production d’une
activité attribuée par son producteur peut se modéliser par :
« la valeur
qu’il attribue à la satisfaction de ses perceptions de sa production de
l’activité »
La qualité d’usage d’une activité
attribuée par un utilisateur peut se modéliser par
« la valeur
qu’il attribue à la satisfaction de ses perceptions de son usage de
l’activité »
La qualité attribuée par une partie
intéressée à une activité sans qu’elle soit une partie prenante que nous
appelons « observateur » (qualité d’observation) peut se
modéliser par :
« la valeur
qu’il attribue à la satisfaction de ses perceptions de ses observations
de l’activité »
La distinction est fondamentale.
Une activité humaine donnée, par exemple
la production d’un service, peut se voir attribuer des « qualités » individuelles
très différentes suivant la situation dans laquelle se trouvent les personnes
qui les attribuent, et en fonction de leurs représentations mentales de
l’activité.
Et pourtant les entreprises doivent savoir
utiliser la qualité dans les échanges qu’elles entretiennent avec toutes leurs parties
prenantes.
Dans une production quelconque d’activités
humaines, le système de management doit impérativement tenir compte de ces
trois définitions de la « qualité » pour aider l’entreprise à s’en
servir.
Pour maîtriser cette situation les entreprises
introduisent dans les échanges des cahiers des charges qui décrivent des
plateformes partagées d’événements devant, ou non, se produire au cours de la
réalisation de l’activité et servant à décrire en commun une qualité contractuelle
à produire.
Dans le passé, on a cherché à maîtriser
cette complexité par le recours à des modèles rationnels issus des sciences de
l’ingénieur de plus en plus précis pour décrire cette qualité contractuelle.
C’est une forme de « quadrature du cercle. ». Il faut actuellement
accepter, avec ces nouvelles définitions, et les approches plus
« marketing » qui s’en emparent très bien, de faire appel davantage aux
sciences sociales. Lorsque l’activité entre dans la composition d’un service
cette démarche est indispensable. Dans toute prestation nous savons que la
partie « service » crée aujourd’hui plus de valeur ajoutée que le
« produit » qui est son support physique.
La concurrence impose une compétition
entre les entreprises. La qualité dite « compétitive » devient
alors un facteur de compétitivité qui incite les entreprises à aller au-delà des
« qualités contractuelles » pour faire attribuer par leurs
clients des « différences attraits qualité d’usage » par
rapport à la concurrence pour déclencher les échanges malgré la pression de la
concurrence, tout en conservant un bénéfice.
Nous aborderons dans les articles suivants
d’autres difficultés rencontrées dans ces démarches qualité dites
« compétitives ».