L’application, des
modèles d’élaboration d’un jugement sur la qualité d’une prestation, à un
programme électoral, peut permettre de formuler les résultats suivants.
Lorsqu'un citoyen découvre le programme
électoral d'un candidat, il juge sa qualité à partir de quatre classes de
perceptions :
- La valeur attribuée aux propositions du
programme
- Le niveau de confiance dans la capacité du
candidat à se conformer aux annonces de son programme
- Les bénéfices qu'il pourra retirer de
l'application du programme
- La rentabilité des efforts à fournir pour
bénéficier.
Il porte ce « jugement qualité »
en prenant plusieurs casquettes. Il se considère comme un individu, mais aussi
comme le représentant de sa famille, également comme un membre de certaines
coalitions d’intérêts, et enfin comme un citoyen français.
Ces quatre strates d'acteurs de la
société l’amène à réaliser une synthèse entre plusieurs niveaux de de
perceptions du programme.
Cette particularité du comportement du
citoyen pour juger la qualité d’un programme électoral rend la production de
cette qualité extrêmement difficile pour tout candidat. Elle provoque une
grande segmentation de l’électorat.
La recherche d’une majorité pour être élu,
impose au candidat :
- de choisir un segment de l’électorat suffisamment
vaste pour espérer obtenir une majorité ;
- de présenter un programme d’un haut niveau
d’abstraction pour couvrir un vaste espace d’attentes ou de besoin
différents à satisfaire ;
- de donner confiance en jouant plus sur sa
personnalité que sur la démonstration d’une véritable étude de faisabilité
qui par son caractère factuel risquerait de provoquer des rejets de la
part de certaines parties de la cible majoritaire visée de
l’électorat ;
- de donner l’impression que tous les citoyens de
la cible ont toutes les chances de bénéficier du programme en prenant,
éventuellement, des casquettes différentes ;
- de montrer que les efforts demandés sont
acceptables relativement aux bénéfices qui seront obtenus peut-être à long
terme.
Mais le citoyen, comme tout client,
utilise ses retours d’expériences, et la notoriété du candidat, pour juger la
qualité d’un programme électoral à partir des perceptions provoquées par son
annonce.
Un candidat décrédibilisée par son passé,
n’est plus audible par le corps électoral. Les outils modernes de la
« qualité compétitive » montrent que dans cette situation, le citoyen
opte pour deux choix :
- des candidats qui n’ont pas épuisé leur
crédibilité et qui proposent un retour aux valeurs sûr du passé ;
- des candidats, nouveaux, présentant une certaine
« agilité » crédible, et qui proposent une fuite en avant
reposant sur l’innovation.
Le problème particulier posé par une
élection est qu’il faut dégager une majorité pour gagner.
Il est alors souhaitable, comme en
économie, d’innover partiellement en s’appuyant sur un socle de valeurs sûres.
L’économie allemande se développe de cette manière. Nous avons du mal en France à
donner l’impression d’être capable de jouer simultanément sur ces deux
tableaux. C’est encore plus vrai en politique qu’en économie.
Ancien Directeur de Cabinet du Président Edgar Faure