L’évolution de notre Société conduit les
entreprises, qu’elles soient publiques ou privées, à faire évoluer leur rôle dans
un réseau d’acteurs socio-économiques appelé souvent : « réseau sociétal ».
L’évolution de ce rôle est pilotée par des gouvernances qui constituent des
coalitions d’intérêts plus ou moins larges.
Pour jouer ce rôle l’entreprise développe
des relations d’échanges avec certaines entités de ce réseau appelées
« parties intéressées ». Elle offre des prestations à ces parties
intéressées qui leur permettent d’agir à leur tour dans le réseau. Mais pour
s’impliquer dans ces échanges elle agit également sur des écosystèmes situés
dans l’environnement du réseau et laisse une « empreinte » dans ces
écosystèmes.
Pour jouer son rôle l’entreprise a besoin
d’une énergie intrinsèque pour permettre aux relations d’échanges avec ses
parties intéressées de se constituer et de se développer. Cette réserve
d’énergie est appelée « capital sociétal ». Ce capital sociétal
doit permettre aussi à l’entreprise de lutter contre la concurrence qui
s’exerce au sein du réseau.
La configuration de cette énergie est
complexe c’est-à-dire que chaque individu, ou groupe d’individus, qui cherche à
l’appréhender, la perçoit d’une manière partielle en fonction de ses centres
d’intérêts.
L’actionnaire perçoit le capital sociétal
sous l’angle de la valeur qu’il accorde aux actions qu’il possède. Le salarié
ou ses représentants qui participent à la gouvernance de l’entreprise
perçoivent le capital sociétal sous l’angle de la valeur qu’ils accordent au
capital humain qu’il contient, et sous l’angle de sa capacité à distribuer des
rémunérations. Le citoyen respectueux de l’environnement, qui est aussi une partie
intéressée de l’entreprise, le perçoit sous l’angle de sa capacité à provoquer
une empreinte positive sur les écosystèmes qui entourent l’entreprise, etc.
Une partie de son capital sociétal est
investi dans le système de production des prestations qu’elle offre à ses
parties intéressées. L’entreprise doit par conséquent veiller à ce que les
contreparties fournies par ses parties intéressées alimentent suffisamment son
capital sociétal pour réaliser les futurs investissements qui lui permettront
de continuer à jouer son rôle.
L’entreprise doit également veiller à ce
que les empreintes qu’elle laisse sur les écosystèmes qui environnent son
réseau sociétal puissent répondre aux exigences ou attentes sociétales des
acteurs du réseau pour ne pas être exclu du réseau. Elle doit pour cela
investir une partie de son capital sociétal dans des activités qui produisent
ces empreintes.
Par conséquent les contreparties fournies
par les parties intéressées de l’entreprise doivent lui permettre de constituer
une configuration de son capital sociétal qui lui donne la possibilité de jouer
son rôle dans le réseau sociétal auquel elle appartient, par des échanges
suffisamment attractifs avec ses parties intéressées, et de répondre aux
exigences et attentes sociétales des acteurs du réseau qui portent sur les
empreintes qu’elle laisse sur les écosystèmes de l’environnement du réseau.
L’entreprise doit utiliser la qualité
des échanges avec ses parties intéressées pour assurer que la
reconstitution de son capital sociétal par les contreparties fournies par les
parties intéressées lui donne la possibilité de jouer le rôle dans le réseau
sociétal qui est fixé par sa gouvernance.
Nous appelons cet usage de la qualité : « démarche
qualité sociétale »
La Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE) devient une composante de la démarche qualité sociétale.
Le management de cette démarche qualité
s'appuie sur une logique plus générale que nous appelons : « management du RISC » (Retour sur
Investissement par la Satisfaction Compétitive des parties
intéressées
Des techniques managériales nouvelles
voient le jour. Elles s’appuient sur quelques nouveaux concepts et sur l’usage
des nouvelles technologies de l’information.
Le client final de la démarche qualité
sociétale est la gouvernance de l’entreprise. La démarche semble égocentrique
puisque la qualité produite dans les échanges
avec les parties intéressées de l’entreprise est faite pour que les contreparties qu’elles fournissent à l’entreprise alimentent son capital sociétal comme sa gouvernance
le souhaite. Cette démarche contribue à répondre aux études menées par Joseph
Akerlof qui a obtenu le prix Nobel d’économie en 2002. Ces
études montrent qu’une entreprise peut être mise en difficultés,
voir disparaître, en améliorant la qualité des prestations qu’elle échange avec
ses parties intéressées.
Cette nouvelle finalisation des démarches
qualité au sein des entreprises valorise davantage le rôle des services qualité
qui deviennent des sources de retours sur investissements après avoir été
perçus comme étant uniquement des sources de dépense d’énergie du capital
sociétal.
Par contre leurs missions se complexifient
puisqu'ils doivent intervenir sur un domaine de l’entreprise beaucoup plus
large et diversifié.