Oui « qualiticien » est un
métier d’avenir. Certains se posent encore la question. Le slogan :
« la qualité est l’affaire de tous » est encore quelquefois
interprété par : « si tout le monde fait bien son travail on n’a plus
besoin de service qualité ».
La production et l’usage de la qualité
repose sur des êtres humains.
L’artiste produit de la qualité pour lui.
Lorsqu’ils sont au moins deux et que chacun cherche à bénéficier de l’autre,
les deux produisent et utilisent la qualité dans le cadre d’une relation
d’échanges.
Dès qu’on prend conscience que la qualité
est une un qualificatif synthétique profondément humain attribué au produit
d’une activité humaine, on sait qu’on plonge dans la complexité. Ce concept est
profondément ancré, sans doute depuis toujours, au cœur de l’humanité.
Deux observations : pendant de très
nombreuses années les services qualité n’existaient pas dans les entreprises,
et pourtant elles fabriquaient de la « qualité ». Les artisans ne
peuvent pas se payer un service qualité, et pourtant ils produisent et
utilisent la qualité. (Meilleurs Ouvriers de France)
Trois facteurs principaux semblent
justifier l’existence irréversible de ce métier dans le futur.
Premier facteur
L’entreprise est au cœur d’un réseau de
relations d’échanges de plus en plus complexe.
La production de la qualité au
sein de l’entreprise doit lui permettre de s’en servir pour donner toujours plus
de valeur aux échanges, et en retirer un bénéfice malgré la pression de la
concurrence.
C’est vrai dans les échanges avec les
marchés, mais aussi avec les salariés, ou avec les fournisseurs.
Pour survivre ou se développer l’entreprise
doit constamment se transformer en puisant dans son environnement, et en
elle-même, les ressources de ses transformations. Ces transformations reposent
sur des équipes projets transversales qui traversent les territoires des organisations
managériales. Ces équipes doivent entrer en relation avec de nombreuses entités
humaines internes ou externes. Elles doivent utiliser la qualité dans les
échanges qu’elles entretiennent avec les autres entités humaines qui leur
fournissent des ressources pour atteindre leurs objectifs, et les transformations
réalisées doivent être jugées de qualité par tous les acteurs de l’entreprise
qui sont impactés par les résultats.
Troisième facteur
Enfin l’entreprise doit sécuriser les
impacts qu’elle a sur son environnement sociétal, c’est-à-dire sur toutes les
entités vivantes qui ne sont pas concernés par ses relations d’échanges. Son
activité a nécessairement des impacts sur cet environnement. Elle ne peut pas s’isoler
de cet environnement. Ces impacts sont complexes et variés.
La complexité de la maîtrise de ces trois
facteurs ne peut plus être prise en charge totalement par les salariés qui
produisent la valeur ajoutée. Chacun d’eux doit être à la racine de cette
maîtrise. Les responsables des différents territoires managériaux de l’entreprise
doivent également assurer leur part de cette maîtrise. Mais il est nécessaire
de coiffer ces deux niveaux de maîtrise par un troisième qui assure la
régulation dynamique des deux autres.
On retrouve l’équivalent du contrôle trois
niveaux introduit au début du XXème siècle lorsque les productions en série
dans les entreprises se sont développées et qu’il fallait que plusieurs
salariés sur des lignes de production, reproduisent constamment les mêmes
tâches. Une variabilité inévitable apparaissait et il fallait recourir à la
métrologie et aux techniques statistiques pour la mettre sous contrôle, en
maîtrisant la tolérance acceptable de la non qualité produite. On partait du
principe que le producteur de la valeur ajoutée ne pouvait pas totalement
métriser la variabilité de sa production, qu’il fallait la mettre sous contrôle
par des contrôleurs qui devaient être supervisés par des spécialistes
opérationnels de certaines règles de métrologie et de statistiques.
Le terme régulation dynamique peut se
comparer au maintien en équilibre instable des fonctions vitales de l’être
humain. Cet équilibre doit se maintenir dans le mouvement incessant de l’être
humain, qui se transforme en permanence. IL existe un centre nerveux qui assure
la maîtrise globale d’équilibres réalisés au niveau des organes par des
cellules.
Plus les trois facteurs reposent sur des
activités complexes c’est-à-dire non maîtrisables totalement par l’Homme, plus les
régulations sont difficiles à réaliser et mobilisent de l’énergie, donc des moyens
qui ont des coûts.
Nous ne pouvons pas croire à la réduction
des coûts d’obtention de la qualité. Ils seront toujours de plus en plus élevés.
Mais ils doivent être compensés par une augmentation des bénéfices que l’entreprise
retire de la production de sa valeur ajoutée. En un mot : la maîtrise de
la production de la qualité est un investissement et non un coût. Seule le
manque d’efficience de la maîtrise des trois facteurs énoncés précédemment
représente un coût.
En conclusion : qualiticien est un
métier qui va jouer un rôle de plus en plus vital pour l’entreprise. C’est le
troisième étage de la maîtrise des trois facteurs vitaux de l’entreprise cités
ci-dessus.
Ses compétences vont constamment s’enrichir,
en absorbant de nouvelles technologies mais aussi en capitalisant plus
collectivement, et rapidement, les retours d’expériences. Il ne doit jamais se
substituer aux deux autres niveaux de maîtrise de ces trois facteurs qui sont respectivement
dévolus aux responsables des différents territoires managériaux de l’entreprise,
et aux salariés qui produisent sa valeur ajoutée.
Ces trois niveaux de maîtrise doivent
communiquer sans interférer.
Les services qualité ne sont pas prêts de
disparaître. Il ne faut pas pour autant gonfler artificiellement leurs
effectifs sous prétexte de maîtriser mieux les risques attachés à ces activités
de maitrise.
Leur efficience, donc la mesure de leurs
performances, doit constamment être réalisée par le management général de l’entreprise.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire