Nous sommes entrés, en France, dans une
période de défiance généralisée : défiance des politiques, des
journalistes, des patrons, des salariés, des religions, des produits et des
services qui sont sur le marché, des preuves de qualité, etc.
La publicité envahissante, la pression
excessive des démarches commerciales, les annonces séduisantes infirmées par
les faits, les exigences insupportables imposées aux clients pour des
prestations attractives, ou incontournables, les expertises, labels, marques
simples, et certificats, délivrés par des acteurs payés par les producteurs,
sont autant de vecteurs promotionnels qui provoquent une augmentation continue
de cette défiance.
Son coût économique, et social est
considérable. Elle accentue le repli sur soi, et une importante diminution des investissements et dépenses : pour
s’approprier et utiliser des activités, ou leurs résultats, qui pourraient
pourtant répondre à des besoins, ou encore pour adhérer à un projet ou pour contribuer
à la production d’activités.
Actuellement, plutôt que de chercher à améliorer
cette situation en recréant progressivement une confiance qui s’enracine profondément
dans les représentations mentales des acteurs socio-économiques, on cherche de
nouveaux moyens pour rendre rapidement plus efficaces les vecteurs
promotionnels précédents qui sont à l’origine de cette défiance.
On s’engage dans une spirale infernale qui
peut conduire au rejet collectif de notre civilisation.
On est entré dans une période où l’être
humain peut accéder à l’information rapidement et par des vecteurs multiples.
Ces nouveaux moyens permettent de faire, et défaire, rapidement la réputation
d’une activité, ou d’un état. On a cru, pendant un certain temps, que les
vecteurs de confiance pourraient être des coalitions d’intérêts influentes formées
sur les réseaux sociaux. Mais la récupération de ces vecteurs d’informations, par
les sources de promotion qui sont à l’origine de cette défiance, a rapidement
fait perdre l’efficacité des contributions de ces démarches à la restauration
de la confiance.
Un nouvel usage de la qualité peut-être d’inverser
cette dynamique mortifère.
Sur
quels principes peut-il reposer?
La qualité est un jugement synthétique
porté sur une activité, ou un état, qui leur donne une valeur, plus ou moins, positive
ou négative. Toute personne qui est concernée par l’activité, ou l’état, peut lui
attribuer un jugement qualité personnel. Ce jugement provoque, de la part de son
émetteur, un attrait, ou un rejet : de l’usage de l’activité, ou d’une contribution
à sa production. Cet attrait, ou rejet, agit sur l’importance de la mise que la personne réalise pour
pouvoir se servir de l’activité ou de l’état, ou pour retirer des bénéfices de
la contribution à sa production.
La situation, décrite ci-dessus, doit
servir d’expérience pour concevoir un nouvel usage de la qualité non
récupérable par les leurres de confiance actuels.
Le jugement qualité est, en général, une
synthèse de quatre types de jugements élémentaires qui se succèdent dans le
temps. Ils expriment successivement:
·
La nature et le
niveau d’espérances de satisfaction provoquées par l’activité, qui découlent :
des perceptions de ses caractéristiques avant sa réalisation, de son
déroulement probable, et des efforts imaginés pour en bénéficier ;
·
le niveau de
confiance dans la capacité du système de production de l’activité à se
conformer aux perceptions de ses caractéristiques annoncées ou imaginées;
·
le niveau de
conformité de la réalisation de l’activité à ses caractéristiques;
·
le niveau de
confirmation des espoirs initiaux de satisfaction par la perception globale du
déroulement de l’activité, de son état final, et des effets qu’elle produit.
La production d’une qualité
« vraie » consiste à :
·
Garantir (et non assurer) aux futurs bénéficiaires
de l’activité ou de son résultat : une conformité à leurs caractéristiques
qui sont à l’origine des espérances de satisfaction, et qui sont contractualisées,
et une compensation systématique, d’une valeur équitable, relativement aux
préjudices subis , des non conformités qui seraient avérées ;
·
Lorsqu’il
n’est pas possible d’envisager des compensations pour couvrir les préjudices :
o
fournir
des preuves
objectivement crédibles, et vérifiables, de la capacité du système de
production de l’activité à se conformer à l’ensemble des caractéristiques contractualisées :
de l’activité, ou de son état final ;
o
S’engager à réaliser une maîtrise, dont l’efficacité
est également vérifiable, des évolutions des criticités des risques
de non conformités aux caractéristiques contractualisées.
·
Valider, avec le bénéficiaire de l’activité ou
de l’état, la conformité finale aux engagements contractualisés
·
Réaliser, et rendre accessible à tout bénéficiaire
potentiel, des
mesures globales, représentatives, crédibles et vérifiables, de la satisfaction
finale des bénéficiaires de l’activité ou de son résultat.
De nombreuses entreprises s’engagent,
souvent encore partiellement, dans cette direction. Cette qualité
« vraie », mise en exergue dans les échanges avec les parties
prenantes de l’entreprise (clients, salariés,
fournisseurs, régulateurs sociétaux, etc.), et qui doit-être réciproque, devient
un des plus importants facteurs de compétitivité.
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